S’il y a un lieu sur terre qui concentre à lui seul toutes les horreurs de la migration, c’est certainement la Libye. Chaque personne migrante qui y est passée vous le dira, ou, au contraire, restera silencieuse sur son passage dans le pays tellement ce qu’elle y a vécu est abominable: viols, tortures, esclavagisme, enfermements, etc. Les personnes qui hébergent chez nous le savent aussi; les cicatrices sur les corps de leurs amis accueillis sont souvent les marques visibles d’un passage en Libye. Depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011, le pays est plongé dans un chaos total laissant aux trafiquants d’êtres humains et aux esclavagistes le terrain à leur atrocité.
@Amnesty international explique notamment dans son article « réfugiés, le piège libyen »
« Les trafiquants détiennent les réfugiés et les migrants pour extorquer à leur famille une rançon. Ils les gardent dans des conditions épouvantables, les privent de nourriture et d’eau et les frappent, les menacent et les insultent en permanence. Régulièrement battues, les personnes qui ne peuvent pas payer doivent travailler de façon forcée pour rembourser la ‘’dette’’ aux trafiquants. »
Violence sur terre, violence en mer.
Tout le monde connait la situation, mais le pays n’est visiblement pas une priorité dans la diplomatie européenne, plus enclin à s’assurer de passer des accords de contrôle des frontières avec le semblant de gouvernement en Lybie qu’à faire en sorte de protéger le droit des migrants.
Euromed explique :
« En leur fournissant des équipements, des formations et des fonds, l’UE (et particulièrement l’Italie) ont contribué à l’interception navale et au refoulement de plus de 30.000 personnes vers les centres de détention libyens durant la seule année 2021. Cela a généré un cycle de violence, car les migrant.e.s repoussé.e.s sont systématiquement détenu.e.s dans des conditions inhumaines et dégradantes dans des camps disséminés dans le pays »
Les propos d’Euromed semblent être confirmés par une enquête documentée du quotidien français Le Monde « le rôle de l’Europe dans le piège libyen ».
Inquiétude pour deux lanceurs d’alertes en Libye, David Yambio et Hassan Zakaria.
Il y a quelques jours, le centre de jour du Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) à Tripoli fermait subitement alors que des milliers de personnes migrantes campaient devant. Elles dénonçaient depuis octobre leur sort ignoble et les raids des autorités libyennes dans le quartier populaire à l’ouest de la ville de Gargaresh. Ces raids, sous prétexte d’une lutte contre le trafic de drogues, ont tué une dizaine de personnes et conduit à l’arrestation de 5000 personnes. Beaucoup d’entre elles sont portées disparues aujourd’hui.
Quelques heures après la fermeture de l’agence onusienne, la police libyenne est intervenue pour évacuer les lieux, blessant ( y compris par balles selon MSF) des dizaines de personnes et enfermant à nouveau hommes, femmes et enfants au centre de détention d’Ain Zara.
Pendant ces 3 mois de protestation David Yambio, Hassan Zakaria et d’autres, ont rendu visible la situation sur place. David et Hassan sont libres, mais recherchés par le DCIM (Directorate for Combatting Illegal Migration – Ministère libyen de la Migration). Le DCIM est dirigé par Muhamad al-khuja depuis le 23 décembre, personnalité connue pour ses violations des droits humains et ses activités de contrebande. Tout porte à croire aujourd’hui que la vie de David et Hassan est menacée par les autorités libyenne.
La seule chance de sauver la vie de David et Hassan est de leur donner un maximum de visibilité politique et citoyenne ces prochains jours !
L’horreur libyenne doit être dite et doit nous mobiliser au Parlement :
- J’interrogerai la Ministre des Affaires étrangères sur les liens entre l’Union européenne et les autorités libyenne ainsi que sa responsabilité dans les refoulements des garde-côtes libyens. Par ailleurs, je demanderai à la Ministre de s’assurer de la sécurité de David Yambio et Hassan Zakaria.
- J’interrogerai également le Secrétaire d’État, Monsieur Mahdi, sur le rôle de Frontex envers ces garde-côtes.
En attendant, soutenez Hassan et David en partageant leur compte tweeter.
https://twitter.com/RefugeesinLibya/
Sources :
https://www.amnesty.fr/refugies-et-migrants/actualites/refugies–le-piege-libyen
Photo de Ye Jinghan sur Unsplash