Lutter contre l’antisémitisme au quotidien

Ce dimanche, nous nous sommes réuni.e.ss avec des milliers de personnes contre l’antisémitisme.

L’antisémitisme est un racisme spécifique qui est bien ancré dans notre pays et sur notre continent.  Nous connaissons l’histoire terrible du peuple juif et les responsabilités historiques européennes, du Moyen âge jusqu’à l’holocauste, en passant par les pogromes ou encore ses formes contemporaines négationnistes et complotistes . Deux millénaires d’intolérances et de rejets.

De nos jours, nos sociétés restent marquées par un antisémitisme latent qui parcourt un large spectre de la classe politique européenne.  L’extrême droite en premier lieu, qui depuis des décennies relativise ou nie l’horreur de la Shoah, mais plus largement, d’autres formations politiques qui ont parfois véhiculé des théories complotistes, notamment durant le covid, clairement antisémites. C’est contre cet antisémitisme quotidien que nous avons marché avec de nombreux.euses écologistes ce dimanche.

Depuis le premier jour de ma fonction de parlementaire, j’ai fait de la lutte contre l’antisémitisme une priorité ;  j’étais seul à dénoncer des chants antisémites venant d’un club de foot important en Belgique, et bien seul à questionner ‘ « l’humour »  du carnaval d’Alost, qui, chaque année, fait défiler des caricatures antisémites ignobles dénoncées par l’UNESCO ou des centaines d’organisations juives à travers le monde. Ce travail m’a valu des menaces de mort et des milliers de messages de haines de l’extrême droite flamande (parfois des messages antisémites ou homophobes) ce qui démontre le malaise de nos sociétés dans son rapport aux communautés juives.   

Depuis l’attaque du 07 octobre et la vengeance du gouvernement israélien contre la population de Gaza, le débat autour de la lutte contre l’antisémitisme se mélange avec celui qui concerne la géo-politique du Moyen orient. Ça serait stupide et hypocrite de prétendre qu’il n’y a pas de liens entre les deux. L’attachement à l’État d’Israël est important pour une grande partie de la communauté juive et le massacre du 07 octobre perpétré par le Hamas a réveillé des heures sombres de l’histoire pour des millions de personnes juives. Certaines personnes utilisent certainement leur prétendu soutien au peuple palestinien pour diffuser leur haine à l’encontre des personnes juives.  C’est d’ailleurs pour cela que les rassemblements de solidarité avec la Palestine commencent systématiquement avec un appel contre l’antisémitisme et l’interdiction de tout propos haineux.

De la même manière, assimiler la critique de l’État d’Israël ( aujourd’hui gouverné par un gouvernement d’extrême droite) est tout aussi stupide voire, pire, nous éloigne d’une vraie remise en question de l’antisémitisme de nos sociétés. Il faut lire et relire la « déclaration de Jérusalem » écrite par des académiques israéliens et/ou juif.s à travers le monde ; elle rappelle la nécessité de s’opposer à la politique d’occupation et d’apartheid israélienne sans pour autant accorder la moindre tolérance à des analyses nauséabondes. Par exemple, questionner systématiquement une personne juive sur son rapport à la politique d’occupation israélienne, assimiler l’État d’Israël à l’Allemagne nazi, etc.

Depuis deux mois, ce soudain réveil dans la lutte contre l’antisémitisme me questionne sur les intentions des uns et des autres.  Les leçons de morale de ceux qui prônent l’intolérance sont abjectes;  de nombreuses personnalités ou groupes d’extrême droite  et de droite extrême, catalyseurs de l’antisémitisme en Europe depuis des décennies, étaient présents à cette marche ce dimanche et c’est la raison pour laquelle la société civile progressiste, avec des organisations juives, a décidé de se distancier autour de la formation d’un bloc contre l’antisémitisme et toutes formes de racisme.  Il ne faudrait pas que la lutte contre l’antisémitisme, loin d’être gagnée, se fasse au détriment de la discrimination d’une autre communauté  dans la société que certain.e.s souhaitent polariser.

D’ailleurs, c’est une erreur d’opposer ou de faire une guerre des chiffres entre les manifestations de soutien au peuple palestinien et celles contre l’antisémitisme.  On peut, on doit à la fois crier notre indignation face à ce que la politique israélienne est en train de faire subir au peuple palestinien, et entendre la souffrance et la peur des communautés juives en Belgique et ailleurs. C’est notre responsabilité de ne pas opposer des combats comme ceux-là qui comportent en fait le même objectif :  celui d’une société juste, solidaire et sans discrimination.

Comme toujours, nous continuerons à nous battre avec les écologistes contre toutes formes d’intolérance, contre ces profanations de tombes, ce complotisme, le déni de l’histoire, des folklores antisémites et toutes formes de haine envers une communauté.

 

Déclaration de Jérusalem : https://jerusalemdeclaration.org/wp-content/uploads/2021/06/2021-06-09_JDA_fr_final-version.pdf

 

 

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