Communiqué de presse
60 000 prisonniers d’opinions, interdiction des manifestations et arrestations massives, usage systématique de la torture, procès inéquitables bafouant le droit international, le CV du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui sera de passage à Bruxelles cette semaine pour un sommet entre l’Union européenne et l’Afrique, n’est pas très flatteur. Pourtant, une audience royale est prévue cette semaine avec le dictateur égyptien.
Il est prévu que le président al-Sissi soit convié au palais cette semaine pour une audience avec le Roi. Pour le député écologiste Simon Moutquin, une telle invitation est incompréhensible : « Depuis son coup d’État militaire de 2013, qui a anéanti les espoirs de régime démocratique de son peuple, le général al-Sissi s’est méticuleusement attelé à restreindre libertés et droits fondamentaux en Égypte. Il s’attaque maintenant depuis quelques années de manière systématique à la société civile égyptienne en pratiquant une stratégie d’incarcération de masse de ses représentants. »
Ainsi, le cadre législatif et réglementaire très sévère autour des associations, voté en 2019 et appliqué par décret début 2021, interdit de fait aux ONG d’exercer une activité de défense des droits humains. Pire encore, toute association non approuvée par le Ministère compétent est menacée de dissolution dès 2022. Et derrière les réglementations liberticides, il y a ces milliers de militantes et militants emprisonnés arbitrairement à coup de détentions préventives renouvelées et de charges dont les avocats des accusés n’ont parfois même pas connaissance. Alaa Abdel Fattah, par exemple, informaticien et activiste de 40 ans, a passé plus de 7 ans en prison depuis 2013 pour avoir « diffusé de fausses informations », entre autres. Il vient d’être condamné à 5 ans de prison, peine qui ne tient pas en compte de ces précédentes années d’enfermement. On pourrait également citer Ahmed Samir Santawy, étudiant de 29 ans à l’université de Vienne, lui aussi accusé de répandre des « fakes news » et arrêté lors de ses vacances en Égypte en décembre 2020. Les avocats sont également dans le viseur des autorités égyptiennes, comme Hoda Abdel Moneim, spécialiste des droits humains, arrêtée chez elle durant la nuit en novembre 2018 et qui ne réapparaîtra que 20 jours plus tard lors de son procès. Ayant une santé très fragile et ne recevant pas de soins adéquats, sa famille, qui ne l’a pas vue depuis plus de 3 ans, la pense proche de l’agonie.
Alors que les rapports publiés par des organisations comme Amnesty ou Human Rights Watch faisant état de violations systématiques des droits humains en Égypte ne manquent pas, l’invitation royale semble très éloignée des valeurs prônées par le Palais. Simon Moutquin explique : « Le Roi a pris des positions courageuses à plusieurs reprises sur les droits humains ou récemment sur la lutte contre le racisme. Ecolo/ Groen déplore cette rencontre. Une telle entrevue ne cadre pas avec les valeurs que veut diffuser le Palais royal. Nous demandons au Roi de limiter la rencontre entre le palais et le dictateur égyptien à l’unique question des droits humains en Egypte.”
Le groupe Ecolo/Groen dépose aujourd’hui au Parlement fédéral une résolution pour la défense des droits humains en Égypte.
Crédit photo : AP Photo/Costas Baltas