Ne pas se taire, mais par où commencer.
Depuis une semaine, j’écris et j’efface des colères, des émotions, des arguments. Et puis j’écris et j’efface à nouveau.
Peut-être, reprendre où on s’était laissé.
« Peu de dirigeants appellent aujourd’hui à la retenue dans la réponse israélienne. Or, on sait la violence des opérations militaires contre Gaza, un territoire de 2,3 millions d’habitants qui vivent dans une situation humanitaire catastrophique et sous blocus depuis près de 20 ans. »
Une semaine plus tard, 2400 personnes sont mortes sous les premières bombes. 700 étaient enfants. Crime de guerre.
Selon Human right watch, certaines de ces bombes étaient au phosphore blanc, une arme portant interdite sur des civils. Crime de guerre.
L’eau, le gaz et l’électricité vont être coupés à ces millions de personnes. Crime de guerre.
L’ordre d’évacuer a été donné à 1 million de personnes, pourtant enfermés depuis 17 ans dans un territoire de 360 km2. Crime de guerre.
La riposte d’Israël aux attaques du Hamas est une punition collective à l’encontre d’une population innocente. Crime de guerre
Selon certaines sources, l’armée israélienne a lâché des tonnes de bombes sur la bande de Gaza, autant que la quantité lâchée sur l’Afghanistan en un an . Attaque disproportionnée. Crime de guerre.
La qualification de « crime de guerre » est définie autour de règles de droit international qui encadrent des conflits. L’utilisation du mot « terroriste » est plutôt utilisée à des fins politiques que juridiques, morales qu’objectivables. Les branches armées du Hamas sont des organisations terroristes, qui terrorisent. Les dirigeants israéliens qui sont responsables de ce massacre en cours le sont tout autant.
Ne pas se taire, et nommer l’innommable.
C’est un massacre. Un « grave danger de nettoyage ethnique » selon un rapporteur des Nations unies. Ilan pape, historien israélien de renommé, ne dit pas autre chose depuis 20 ans. MSF parle d’un massacre de masse, et la FIDH d’intention génocidaire. Ces dernières semaines, les propos de certains dirigeants israéliens donnent raison à cette crainte. Le Président israélien Isaac Herzog a déclaré « l’entièreté de la nation palestinienne responsable » ( des attentas du Hamas), le général de division Ghassan Alian, qui a déclaré: « Israël a imposé un blocus total à Gaza, pas d’électricité, pas d’eau, juste des dégâts. Vous vouliez l’enfer, vous aurez l’enfer » .
Yoav Gallant, ministre israélien de la Défense, a lui expliqué : « Nous imposons un siège complet à [Gaza]. Pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau, pas de carburant – tout est fermé. Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence »
Ne pas se taire est aussi une obligation.
Si aujourd’hui nous sommes à la veille des heures le plus terribles que la bande de Gaza ait connues depuis des décennies, c’est aussi en raison du silence des dirigeants internationaux. Les heures qui ont suivi l’attaque terroriste du Hamas, les chancelleries ont montré leur soutien à une riposte israélienne, sans même évoquer le contexte humanitaire de la bande de Gaza ou encore le terreau dans la violence ; l’apartheid , l’occupation, la colonisation, le blocus de Gaza, l’enfermement de centaines prisonniers sans procès, l’accaparement des ressources, la violence des colons.
En droit international, les États-tiers ont le devoir de prévenir de crime contre l’humanité. L’expression sélective et le silence de certains a donné carte blanche à Netanyahu ces derniers jours. Il est plus que temps que certains se rendent compte de leur responsabilité dans ce que les dirigeants israéliens préparent.
Ne pas se taire, surtout pas malgré les intimidations.
Depuis plusieurs jours, nombreux sont ceux qui tentent de m’associer à l’islamisme politique, de même que mes collègues écologistes. Ceux qui nous accusent d’être restés silencieux face à l’horreur du massacre de 1300 Israéliens, refusant de lire nos condamnations claires et sans équivoque. Pourtant, ceux-là sont les mêmes qui sont depuis des décennies silencieux quand il s’agit de dénoncer l’enfer d’une vie sous occupation, quand il reste la vie.
J’ai choisi de m’investir chez Ecolo il y a 17 ans, en revenant de mon premier voyage en Palestine occupé en raison de sa position sur ledit « conflit israélo-palestinien ». Ni intérêt géostratégique ni intention électoraliste. Un objectif, la paix, une boussole, le droit international.
Aujourd’hui, quelle est la crédibilité de celles et ceux qui ne savent pas dénoncer des prises d’otages ou des massacres contre des civils israéliens tout en reconnaissance cette politique de domination coloniale meurtrière subie par les Palestinien.nes depuis des décennies?
Je l’ai dit ailleurs, jeune, homosexuel, progressiste et athée; TOUT m’oppose dans mes combats au Hamas et à toute forme d’extrémisme politique et religieux. Si ces attaques ne me touchent pas, elle m’inquiète parfois sur l’intention toxique sur notre démocratie de leurs auteurs.
C’est la 6e fois en 17 ans que la Bande de Gaza et ses habitants sont bombardés « pour «éradiquer » le terrorisme. Pourtant, le Hamas en sort renforcé après chaque attaque. La population s’appauvrit, et se tourne vers l’aide internationale ou celle d’une organisation islamiste qui fournit très souvent des biens de première nécessité. Le Hamas est la conséquence d’une politique d’oppression à l’encontre des Palestiniens, pas sa cause. Et le dire ne justifie en rien leur mode d’action terroriste.
Bombarder Gaza ne tuera pas le Hamas mais bien des milliers de civils innocents, et un espoir de paix juste et durable. Il y a quelques années, lorsque je travaillais pour l’association belge-palestinienne. Abp Asbl, je me souviens de ce chiffre glaçant qui accompagnait une étude sur Gaza; 40 % des enfants Gazaouis n’ont « aucun désire de vivre ». Quel sera ce chiffre dans quelques semaines ?
Ne pas se taire pour ces enfants.
Ne pas se taire, malgré les injures, malgré les menaces de morts
Ne pas se taire, malgré les tentatives de détournements électoralistes de certains
Ne pas se taire, parce que notre objectif c’est la paix. Notre boussole le droit international.
Ne pas se taire, pour les millions de Palestinien.ne.s sous les bombes.
Ne pas se taire….
Photo by YASSER QUDIH/AFP
